Lors dune visite cette semaine dans un magasin Fnac, je suis tombé sur un bouquin qui est passé inaperçu sur AW. En effet, Le Rebelle et lEmpereur : Étude sur Star Wars est paru en Décembre dernier. Ce bouquin est de Pierre Berthomieux et édité par Ellipses Marketing. Son prix est denviron 16.
Le Rebelle et l'Empereur n'est pas un nouveau guide pour les fans, mais il concerne tous les spectateurs qui ont goûté la richesse des mondes de George Lucas et souhaitent en savoir plus.
L'impact culturel et commercial de la saga occulte souvent la plus grosse partie de l'histoire : l'art des films, leur narration originale en deux trilogies, leurs liens avec des styles très divers, de la tragédie au cinéma expérimental, leur style musical et rythmique, leur place dans l'histoire du cinéma hollywoodien...
On trouvera ici neuf analyses approfondies qui proposent des approches originales et synthétiques sur cet ensemble de fictions d'une ampleur unique à Hollywood.
Extrait du livre : La guerre de Trois : l'art de la trilogie Renan Cros
Mai 1977. Le règne des studios s'est bel et bien dilapidé dans les élucubrations marginales d'une contre-culture prolifique. Voilà presque dix ans que «les Easy Riders» (1968 ) ont enterré dans un trip gigantesque ce qui restait du classicisme, déchaînant ainsi l'enthousiasme d'une jeunesse qui ne se «retrouvait plus» dans Bogart, Gable ou même John Wayne. L'Amérique veut autre chose. Elle ne veut plus de héros intrépides et insolents. Elle veut des êtres humains, «trop humains», qui s'égarent et se perdent dans des road movies. Les corps souffrent, se déchirent, crient leur haine d'un système aliénant. Benjamin Braddock plonge dans une piscine, Clyde Barrow dévalise les banques et Travis Bickle conduit ses névroses au gré de son taxi. Le monde n'est plus ce parfait écosystème qui rangeait le bien loin du mal. L'Amérique n'a plus la suprématie de la bienséance. Avec ce Viêt-Nam, si loin, et pourtant dans tout les téléviseurs, l'Amérique a détruit ce qui pouvait rester de ses Héros. À l'orée de 1977, la figure du moment s'appelle Rocky Balboa (1976). Il lutte, souffre, endure pour atteindre le statut de héros. Mais, finalement c'est bien de ce cri d'amour déchirant, symbole de sa faiblesse, dont tout le monde se souviendra. Le héros américain va mal et le cinéma ne cesse de le crier sur tous les écrans. Au milieu de ce constat désolant, vecteur, il est vrai, de grands films, va apparaître une lueur d'espoir. Un nouvel espoir. Des étoiles. Des étoiles en guerre. Voilà l'idée de départ. Ou plutôt une guerre, une guerre dans les étoiles. Montrer une guerre mais là-haut, plus haut, là où Méliès rêvait déjà. Voila le projet fou d'un réalisateur, considéré presque alors comme expérimental avec son THX 1138 (1971) : faire encore rêver les gens. Il ne s'agit pas, pour autant, de repartir en arrière mais bien de proposer quelque chose de nouveau, de total, une forme de cinéma qui retrouverait la force héroïque des aventures classiques. Le pari est risqué, mais bien vite ce nouvel espoir va devenir celui de toute une génération. Fin 1977, Star Wars a conquis le monde entier. Très vite Lucas décide de ne pas en rester là. Quelques mois après sa sortie, le film est devenu l'Episode IV : A New Hope... Il y a donc quelque chose après l'espoir.