La chronique d'un fanboy - La vie de George Lucas

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Deux Masterclass, des émotions qui traversent les époques.


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Il y a des biographies dessinées qui documentent, d’autres qui décortiquent, et puis il y a celles qui aiment. Les Guerres de Lucas, œuvre monumentale de Laurent Hopman et Renaud Roche, appartient à cette troisième catégorie. Ici, pas de distance froide, pas de ton professoral : on sent, case après case, que les auteurs vouent une tendresse sincère à cet homme à la fois discret, obstiné et visionnaire qu’est George Lucas. Et comment ne pas les comprendre ? Lucas n’est pas seulement le créateur de Star Wars. Il est, pour beaucoup d’entre nous, celui qui a façonné notre imaginaire, celui qui a fait du cinéma un lieu où les rêves avaient des sabres laser et où les rebelles avaient des ailes.

Le tome 1, paru en 2023 et récompensé par le Prix BD Fnac / France Inter 2024, revient sur les jeunes années du réalisateur. Hopman et Roche y racontent le gamin de Modesto, passionné de voitures et d’images, fauché par un accident qui change sa vie, puis happé par la folie du cinéma expérimental. On suit Lucas à travers ses débuts hésitants, ses errances universitaires, ses amitiés fondatrices  avec Francis Ford Coppola notamment  et la lente maturation de ce rêve un peu fou : raconter une épopée spatiale qui parlerait autant à l’enfant qu’à l’adulte, autant au cœur qu’à la raison.




Ce premier tome n’est pas seulement un récit de carrière. C’est une odyssée intime, une cartographie de la solitude et de la persévérance. Renaud Roche dessine avec une précision presque cinématographique : les cadres sont pensés comme des plans, les expressions vibrent d’émotion contenue. On sent la poussière de Tatooine avant même qu’elle existe. Les décors, les studios, les routes californiennes… tout semble baigner dans cette lumière dorée propre à la jeunesse et aux illusions. Et quand Lucas bute contre le mur des studios, quand il se heurte à l’incompréhension de ses pairs, on souffre avec lui. Parce que, quelque part, nous avons tous un peu été George Lucas, rêvant d’un monde qui n’existait que dans nos têtes et que personne ne voulait croire possible. Les Guerres de Lucas n’idolâtre pas. Elle raconte avec justesse les moments de doute, les échecs cuisants, la relation fragile avec Marcia, la femme de l’ombre qui a monté Star Wars et dont la sensibilité a donné son souffle à la saga. C’est cette nuance qui rend la lecture bouleversante : la Force n’est pas une métaphore galactique ici, mais une énergie humaine, faite de larmes, de fatigue et de volonté pure.



Le tome 2 prolonge cette fresque là où tout aurait pu s’arrêter : au triomphe du premier film. Mais pour Lucas, le succès n’est jamais une fin, plutôt un nouveau champ de bataille. Le second volume s’intéresse à la construction de son empire, à sa volonté d’indépendance face à Hollywood, et à la gestation chaotique de L’Empire contre-attaque. C’est là que le titre de la série prend tout son sens : Les Guerres de Lucas, ce sont d’abord les siennes. Les guerres contre les producteurs, contre le temps, contre les limites techniques, et parfois contre lui-même. On découvre un Lucas épuisé, presque consumé par sa création. Il a tout gagné mais perd peu à peu son innocence. Son combat pour le contrôle artistique devient une quête mystique, presque autodestructrice. Là où le premier tome respirait la jeunesse, le second porte le poids de la responsabilité, de la paternité celle d’un monde qu’il a mis au monde. Et derrière cette fresque, Hopman et Roche continuent de dépeindre l’homme derrière le mythe, un rêveur qui se débat avec sa propre légende.





Ce qui frappe dans cette BD, c’est la puissance émotionnelle du récit. Pas besoin d’être fan de Star Wars pour vibrer : il suffit d’avoir aimé quelque chose assez fort pour s’y brûler. En lisant Les Guerres de Lucas, on se retrouve face à une vérité universelle : la création est un acte de foi. Lucas, c’est un peu le Moïse du cinéma moderne, guidant son peuple de spectateurs vers une Terre promise faite d’étoiles, mais condamné à rester en marge, observant de loin l’impact colossal de son œuvre. Et c’est là que mon admiration entre en jeu. Parce que George Lucas n’est pas seulement un cinéaste c’est une philosophie. Il nous rappelle que l’imagination n’est pas un luxe, mais une nécessité. Qu’on peut changer le monde en bricolant des maquettes dans un garage. Que la naïveté n’est pas une faiblesse, mais une arme contre le cynisme ambiant. Lire Les Guerres de Lucas, c’est renouer avec cette part de nous qui refuse de grandir, qui croit encore que les vaisseaux spatiaux peuvent voler grâce à la volonté.




Roche et Hopman signent un travail d’orfèvre : le dessin oscille entre réalisme documentaire et poésie graphique, tandis que le scénario se lit comme un film perdu de Lucas lui-même  un mélange de rêve américain, de drame humain et de fable industrielle. Le duo ne se contente pas de raconter une success story, il en décode la mécanique émotionnelle, révélant les rouages d’un cœur de créateur qui bat plus fort que tous les sabres laser du monde. On sort de cette lecture à la fois ébloui et mélancolique. Parce qu’on mesure ce que Lucas a sacrifié pour bâtir son univers : sa santé, son couple, sa sérénité. Et pourtant, jamais il ne renonce. Même quand tout s’effondre autour de lui, il continue d’y croire, obstinément. Cette obstination, c’est peut-être ce qui me touche le plus chez lui. Ce n’est pas la réussite qui m’inspire, c’est la résistance. Celle d’un homme qui, face aux empires réels, a construit le sien à coups de pellicule et de conviction.


En refermant Les Guerres de Lucas, j’ai eu cette sensation étrange : celle de relire ma propre jeunesse, mes propres rêves fous. Parce qu’aimer Lucas, ce n’est pas seulement aimer un réalisateur, c’est croire que l’imagination peut sauver le monde. C’est se souvenir que, même dans un système hostile, un individu peut encore imposer une vision sincère, humaine et poétique. Alors oui, cette bande dessinée est un hommage, mais c’est aussi une leçon. Une leçon d’art, de persévérance et de foi. Et si la Force devait avoir un visage, ce serait peut-être celui, fatigué mais lumineux, de George Lucas.







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