Le Philosophe intergalactique.
Un écrivain, fou de fiction, amoureux de philosophie et dingue de cinéma.
Je respecte trop la fiction pour adopter une position en surplomb, du style Starwars expliqué aux fans. J'ai fait le pari d'un livre "in-universe" qui se faufile dans les interstices laissés libres par Lucas, et qui permettent de jouer à l'intérieur de cet univers.
Le retour du Jedi est un des premiers films que j'aie vus au cinéma, un grand moment. Ensuite, j'ai écumé les forums de fans et beaucoup travaillé pour que tout soit à la fois crédible et ludique. Il reste beaucoup de points non éclaircis dans Starwars, et c'est ce qui permet à chacun de faire des hypothèses. Je crois que les vrais fans de Starwars sont paradoxalement ceux qui ont le plus de distance avec les films et sont le plus capables de jouer avec le "canon".
Ma bibliothèque est aussi une vidéothèque et une Internetothèque, comme tout le monde aujourd'hui, non?
C'est à la fois la beauté et la limite d'un univers aussi fertile que Starwars : il inspire l'imagination et en même temps fait naître un désir de contrôle incompatible avec l'imaginaire. C'est une lutte éternelle à l'intérieur de l'imaginaire: d'un côté, la conservation des origines, de l'autre l'invention du nouveau...
J'étais parti sur un livre plus léger, fait de dialogues entre les personnages. Puis, à force de revoir les films, j'ai remarqué cette histoire de manteaux... Celui d'Obi-Wan, de Yoda, de Vador. Je me suis demandé si quelque chose pouvait y être caché, j'ai pensé au manteau de Pascal. Le travail a été très long, je ne voulais pas plaquer des références extérieures de manière artificielle, il fallait respecter chaque personnage, sa sensibilité, son style, et en même temps imaginer que chacun pouvait cacher sa vraie pensée aux autres...
Non, il faut être capable d'adopter tous les points de vue, et de les faire vivre avec empathie. C'est en pensant contre soi-même qu'on pense vraiment. La pensée est un dialogue muet de l'âme avec elle-même, disait un lointain successeur de Qui-Gon Jinn.
Le livre a pour ambition de traiter de manière développée, argumentée et détaillée la question de la Force. C'est une question si profonde qu'elle suppose en effet de s'intéresser à la foi, à la superstition, à la volonté, au bien et au mal... Je pars du principe que les personnages de Star Wars prennent cette question au sérieux. La Force n'est un concept que si on n'y croit pas. Sinon, elle devient quelque chose qui ressemble à quelqu'un, et dont il faut tenir compte. Au moins comme un surfeur doit tenir compte de la vague...
Oui, le beau a toujours l'air plus vrai que le vrai tout nu... Pour moi, George Lucas est un poète qui n'utilise pas des mots mais des images. La force de ses films est de nous toucher sur le plan élémentaire de l'imaginaire pur, sans concepts. Le cinéma a remplacé la poésie dans cette fonction de création d'images dynamisantes.
Oui, un clin d'oeil... On s'amuse aussi, non?
Han Solo est un personnage extraordinaire... C'est le plus insolent, et surtout le plus libre!
Tu aurais pu me demander si la philosophie elle-même n'est pas devenue un produit dérivé de Starwars?
En effet, c'est le cas, mais la philosophie a toujours été un produit de contrebande, capable de se glisser dans la cale du Faucon Millenium... Avec ce livre, j'ai essayé de détourner l'idée même de produit dérivé, et j'y ai pris un immense plaisir. J'espère que les lecteurs voudront en débattre, avec moi ou entre eux, car les manuscrits et les débats entre personnages sur la Force que j'ai construits à partir de grands textes de philosophie sont faits pour vivre en chacun, et pour s'incruster dans la doublure de nos manteaux ou de nos cerveaux...
Que l'Imagination soit avec nous!